110 • projections

Deuxième numéro d'un diptyque qui souligne la temporalité passée et à venir, tant dans une perspective littéraire que visuelle. Anticipez avec auteurs et artistes le temps à venir et l'impact de perspectives inconnues. Projetez ombres et lumières sur un futur indéterminé, mouvant, à partir d'un présent qui s'effrite entre les doigts. Jetez-vous en avant parmi la multiplicité des possibles et façonnez-vous les comme autant de conjectures.

Prenons le temps de ralentir le cours des secondes, l'écoulement des sabliers, cette fuite des années qui amène votre magazine Le Sabord à célébrer, en 2018, son 35e anniversaire. Le numéro qui se trouve entre vos mains est le 110e. Où serons-nous en 2019, ou dans 10, 20, voire 35 autres années? En 2053, avec son rythme de publication quadrimestriel, Le Sabord devrait compter... 215 numéros! De quoi être saisi de vertige en considérant les lendemains encore à incarner. En sélectionnant pour cette livraison le thème «Projections mot dont la racine latine signifie « se jeter en avant », l'équipe du périodique souhaitait se propulser parmi la multiplicité des possibles, les façonner comme autant de conjectures mouvantes.

Tour à tour, artistes visuels et écrivains se penchent sur les temps d'incertitude ambiants. L'art possède en effet quelquefois la propriété rédemptrice de favoriser des percées sensibles, des ouvertures réflexives sur ce qui se trame devant nos yeux engourdis par une déferlante d'informations. Avenirs, dites-nous de quoi vous serez faits! De réconfort, affirment certains, tandis que d'autres, saisis par l'inquiétude, dessinent cris, soupirs et tremblements. Textes et oeuvres fracturent les miroirs  tendus vers l'avant et livrent aussi quelques éclats de lumière. Pourquoi ne pas inverser les pôles de la sensibilité, maintenus en alerte par l'angoisse et les doutes? Comme toujours, les contributions artistiques que nous avons retenues s'organisent autour de points focaux qui autorisent une lecture interprétative en fonction de notre thème.