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Reflets de la créativité et de l’inventivité inhérentes à l’être humain, les machines et leurs différentes déclinaisons occupent une place prépondérante dans notre imaginaire tout comme dans notre quotidien. De notre domicile aux sphères du divertissement puis aux espaces professionnels, elles sont devenues de véritables partenaires, au-delà de leur fonction initiale d’outils. Et les relations qui nous unissent à elles se sont, par le fait même, complexifiées. Amour, indifférence, dépendance, exploitation, haine, les sentiments et les discours qu’elles génèrent sont empreints d’enthousiasme et de craintes, d’attentes et de déception, à l’image de ce que l’on peut éprouver pour un semblable ou un ennemi.

Si les machines représentent des avancées auxquelles il nous serait aujourd’hui difficile de renoncer, notamment sur le plan du confort ainsi que de la qualité et de l’espérance de vie, peut-être faudrait-il nous interroger sur la manière dont les échanges répétitifs et automatisés qui la caractérisent bouleversent notre perception du réel et de nous-mêmes. De la chaîne de montage robotisée à l’intelligence artificielle en passant par la culture d’avatars numériques évoluant au sein de mondes synthétiques, une sorte de décorporisation progressive s’opère. Nous nous détachons de notre enveloppe charnelle pour développer des relations de plus en plus symbiotiques avec les machines.

Mais les possibilités offertes par toutes ces inventions, tantôt utiles, tantôt futiles, nous permettent-elles de transcender notre propre réalité, de dépasser notre condition ou peuvent-elles conduire à de nouvelles formes insoupçonnées d’aliénation ? L’augmentation des capacités physiques, intellectuelles et sensorielles que les récentes innovations technologiques font miroiter représente-t-elle la voie à suivre ou une menace pour notre monde fragilisé par les débordements de l’activité humaine et notre désir d’accroître nos performances ?

À travers l’exposition, l’exploration, la mise en route ou en déroute des rouages concrets ou invisibles des systèmes que nous avons construits, laissons artistes, autrices et auteurs de ce numéro se pencher sur la question et y apporter des réponses aussi plurielles qu’éclatées.