Il faut de l’air pour déployer les possibles; c’est ce que propose de dégager ce numéro, une pression atmosphérique qui dépasse tous les baromètres, qui transcende les corps, qui se meut et s’immobilise à la fois.
Entre les lieux publics et le chez-soi s’étirent de nombreux espaces de passage, de suspens, qui épongent les débordements ou, au contraire, leur permettent de se déployer. Couvent, hôpitaux, ascenseurs, littérature, chambres d’hôtel, ces lieux banals et à la fois révélateurs, réfléchissent, voire exacerbent les parts de soi mal-aimées. Ce mouvement et ce temps, qui relèvent non du pas de recul mais du pas de côté, permettent au regard d’envisager l’existence et l’autoréflexivité sous un nouvel angle.
Ils multiplient la linéarité de la trajectoire d’une vie, offrant parfois des choix, parfois un passage obligé non anticipé. Ce regard différent, décalé, peut s’exercer sur soi (Boutin, Lamy, Rose), sur la relation d’autrui avec soi (Frenette-Vallières, Deslauriers, Wagenfuhrer), ou sur une figure si marquante qu’elle intervient sur le soi (Lord, Moeder). Il peut également se poser sur un rapport au lieu, tantôt ouvert (Deland), tantôt clos (Readman Prud’homme), ou encore sur la matière à créer (Pleau).
Certains lieux et espaces sont enclins à favoriser des états d’instabilité, de fragilité et de précarité. Parier sur la valeur d’objets, à la manière des marchés boursiers, mène à des spéculations et à des fluctuations économiques auxquelles il convient de réfléchir (Roussel, Williams). Des mises en spectacle au sein de la sphère publique activent la transgression (André, Adair Mckenzie) ou le cheminement d’un état à un autre (Arès).
Ce numéro invite à réévaluer les vacillements pour mieux comprendre, par la suite, la certitude.
*Erratum : Les crédits à la page 69 ont malheureusement été inversés. Le regroupement d'oeuvres du haut sont des photogrammes tirés de la vidéo installative du projet « Special creatures » ; les photographies sont d'Andrée-Anne Roussel. Les oeuvres du bas sont des vues de l’exposition à OBORO 2025 ; les photographies sont de Michael Patten.
Auteur·rice·s : Sarah Boutin, Myriam Coté, Monique Deland, Camille Deslauriers, Andréane Frenette-Vallières, Clara Lamy, Elizabeth Lord, Claire Moeder, Michel Pleau, Camille Readman Prud’homme, Célia Wagenführer
Artistes : Frances Adair McKenzie, Marilou André, Maude Arès, Andrée-Anne Roussel, Nico Williams
Ancrages : Marc-Antoine K. Phaneuf
Entretiens : Aimée Lévesque (Anne-Marie Duquette) et Martin Dufrasne (Karine Bouchard)
Plage de prix : 8.00$ à 16.95$