×

117 • rives et affluents

Entre les rives, les affluents émergent, saillent des zones aussi mouvantes que changeantes qui rendent caduque toute tentative de cartographie. Et la présence simultanée de l’eau et de la terre exige des formes, expressions plus sensibles que les plans des arpenteurs. Leurs instruments, si précis qu’ils soient, ne suffisent pas à rendre compte des infinies possibilités générées par la rencontre. Car sans ces échanges nourriciers entre l’eau et la terre, tout deviendrait stérile, hostile à la vie.

Pour la première fois dans son histoire, Le Sabord arbore un thème double pour l’un de ses numéros. À l’origine, chacun des termes de « Rives et affluents » devait faire l’objet d’une livraison unique, mais il est apparu assez rapidement qu’il nous serait impossible de trancher entre les textes et les œuvres qui relèveraient des littoraux et ceux qui correspondraient davantage aux cours d’eau qui les façonnent.

Nous avons donc décidé de les réunir, confirmant le vieil adage que le tout est supérieur à la somme de ses parties. En effet, dans « Rives et affluents », il y a les rives, leurs affluents, mais surtout, le désir de créer un pont entre les deux. À l’image de ces traits sur les cartes qui, sur le terrain, ne renvoient à rien qui possède un caractère aussi net et tranché, ET désigne cet espace fécond d’échange où chacun prend et offre quelque chose de lui-même au contact de l’autre sans y perdre au partage.

Car même si l’eau érode les berges, la terre entamée ne disparaît jamais complètement. Elle migre et ressurgit ailleurs, nouvelles îles ou strates continentales. Tandis que l’eau qui irrigue nos cultures peut disparaître sous la terre en nappes phréatiques ou se rassembler dans les hautes sphères en nuages multiformes avant d’être distribuée ailleurs, elle demeure perceptible à qui sait la chercher (et ne saurait échapper au plus habile des sourciers).

Rien ne se perd. Tout se déplace simplement ailleurs pour créer et se recréer. Pour le ravissement de nos sens, heureux de renouer avec le contact de l’écume sur la peau et la sensation du sable entre les orteils, ancienne matière qui encore et à jamais se morcèle.

Plage de prix : 7.00$ à 14.95$