L’année du fourmillement et de la création à son état d’émergence se termine sur le foudroiement, sur cette manifestation du futur qui, en un éclair lumineux, transforme le regard sans possibilité de retour en arrière. Alors que la foudre n’existe en réalité qu’une fraction de seconde, elle génère par induction des transformations puissantes qui bouleversent l’ordre des choses. Sa présence est ainsi poursuivie par cet état modifié – du paysage, d’une personne, d’une relation – a posteriori de l’événement. Ce sont les cicatrices, les brûlures, l’énergie emmagasinée, mais aussi l’excitation, la fascination et l’appréhension qui témoignent que les foudres ont eu lieu, qu’elles étaient bien réelles et qu’elles pourraient se reproduire.
Mais l’orage, ce peut être aussi synonyme de renouveau. Pour Catherine Leroux, il est l’acmé d’une tension atmosphérique qui précède le retour à l’équilibre : « On vit les éclairs, la foudre, comme des attaques matérielles, comme des forces destructrices, mais en réalité c’est le rétablissement d’un équilibre, qui se révèle extrêmement énergisant et libérateur. » (p. 97) Et de cette énergie, il faut créer. Se laisser envahir pour canaliser. Et, plus tard, faire les choix nécessaires à l’œuvre. Trouver, à travers la forêt de ramifications lumineuses, celle qui saura porter le projet, le transpercer, le faire résonner longtemps.
Vient donc avec l’éclair le travail. Après le coup de foudre, l’éclair de génie, la mise à mort d’une partie de soi, il faut produire, à l’instar des électrons, protons et neutrons, contribuer au rééquilibre, tout en sachant que ce dernier ne durera pas. Car l’orage est intrinsèquement cyclique; il permet au vent de balayer les terres et les cieux, à la pluie de tomber, imbiber, abreuver, perler, s’évaporer, s’accumuler, voler, éclater de nouveau. Les foudres nous amènent à reconsidérer la création à travers le prisme du scientifique et du naturel, et surtout de l’humain. Qu’est-ce que la fulgurance à l’échelle d’une vie ?
Auteur·rice·s : Martine Audet, Jennifer Bélanger, Vicky Bernard, Valérie Forgues, Alizée Goulet, Félix Légaré, Meg Matich, Cristina Moscini, Malorie Yawenda Picard, Geneviève Rioux, Viviane Welter
Artistes : Philippe Caron Lefebvre, Charline Dally, Emma Waltraud Howes, Lynn Kodeih, Karine Savard
Ancrages : Maude Pilon
Entretiens : Catherine Leroux (Anne-Marie Duquette) et Andreas Rutkauskas (Noémie Fortin)
Plage de prix : 8.00$ à 16.95$